PORTUGAL : 25 AVRIL 1974, ENFIN LA LIBERTÉ !

« Cinquante ans ont passé depuis la chute de la dictature au Portugal. Il s’agit de commémorer les espérances que la Révolution des œillets a fait naître, en particulier en France. Ce processus qui voit alors tomber la plus ancienne dictature d’Europe occidentale s’inscrit dans un contexte international en pleine évolution : le « Mouvement des capitaines», le 25 avril 1974, coïncide exactement avec la campagne pour l’élection présidentielle qui voit la victoire de Valéry Giscard d’Estaing, le 19 mai 1974, mais aussi avec une évolution des rapports internationaux avec la reprise des négociations sur les armements stratégiques entre les Etats-Unis et l’URSS et la gestion des suites du choc pétrolier. Une recomposition des rapports de force fait suite aux événements considérables de 1973 : paix au Vietnam, coup d’État au Chili, guerre du Kippour, mais aussi une guerre coloniale que le Portugal mène avec ses colonies africaines depuis plus de dix ans. Les péripéties de l’été et de la fin de l’année 1974, de l’« été chaud » de 1975, seront suivies attentivement, voire passionnément, ultime espérance révolutionnaire de la génération de mai 1968. »

Le 25 avril 1974, le Mouvement des Forces armées portugaises fit tomber le gouvernement et mit fin à une dictature qui pendant 48 ans avait voué le peuple portugais et bien d’autres peuples à la guerre, à la pauvreté, au silence, à une vie sans espoir, sans horizons. Où la voix de chacun, la voix des peuples, en Europe comme en Afrique, était bâillonnée, comme l’écrivit Mário Soares, qui deviendrait Président de la République, alors dans l’exil en France.

Nous célébrons tout au long de l’année les 50 ans de la Révolution des Œillets, le coup militaire qui le 25 avril 1974 a mis fin à la dictature au Portugal et était décrit par l’influent politologue et philosophe américain Samuel Huntington comme « déclencheur » d’une vague de démocratisations en Europe (en Grèce, en Espagne) et dans le monde entier. À l’occasion,l’Ambassade du Portugal à Paris, le Consulat général à Marseille, le Consulat honoraire à Ajaccio et l’Institut Camões, ont commandé à l’ancien Président du MUCEM, Jean-François Chougnet, une très belle exposition appelée «Portugal : enfin la liberté» qui met en exergue le regard de la presse française sur la Dictature portugaise, sur le jour de la révolution qui en 1974 l’a fait tomber, et la période postrévolutionnaire jusqu’à ce que le Portugal renoue avec son destin européen et que nous avons l’honneur de présenter à Bastia grâce au soutien de la délégation en France de la Fondation Calouste Gulbenkian et de la Ville de Bastia.


La célébration du 50ème anniversaire de la Révolution des Œillets et de la Démocratie au Portugal nous rappelle l’importance des valeurs comme la démocratie, l’égalité, la liberté, la paix. Ces valeurs-ci sont un patrimoine que le Portugal – depuis le 25 avril 1974 – partage avec la France et l’Histoire nous apprend qu’elles ne peuvent jamais être considérées comme des acquis.


La Dictature portugaise et ses choix sont intimement liés à l’histoire de la Diaspora portugaise. Commémorer la Révolution des Œillets, c’est donc célébrer l’histoire de celles et ceux qui ont dû quitter son pays dans les années 50 mais surtout dans les années 60 du XXème siècle pour trouver en France une vie meilleure. C’est célébrer le courage des Portugaises et des Portugais qui n’ont pas seulement bâti une vie en France, mais qui ont aussi bâti la France et ont tant contribué à son développement. C’est l’histoire des presque 20.000 portugais et franco-portugais qui habitent aujourd’hui en Corse et donc l’histoire de la Corse.

Jean-François Chougnet, commissaire de l’exposition