Portrait d’un officier du Reggimento Còrso

Ecole génoise

Vers 1770

Huile sur papier marouflé

63 x 53 cm

Inv. MEC.2021.3.1

Cette œuvre représente le portrait d’un capitaine du Reggimento Còrso. Le personnage est représenté à mi-corps, dans son uniforme, tenant à la main une canne qui est à la fois un accessoire de mode des classes sociales supérieures mais également un attribut de commandement. Malheureusement, faute de traçabilité de l’œuvre, il est impossible de retrouver l’identité de l’officier portraituré, car il y a 5 à 6 capitaines corses servant simultanément dans le régiment.

Composée de soldats et de gradés corses, cette unité est l’héritière des régiments Ajaccio et Bastia, eux-mêmes issus des régiments Roccatagliata et Giacomone, composantes de l’armée de la république.  Dans la vieille tradition du mercenariat, les militaires d’origine insulaire composent en effet une part importante des troupes ligures. La plupart du temps, les officiers sont issus de la notabilité et lèvent leurs hommes au sein même de leur clan, voire dans leur pieve. En 1728, on compte ainsi plus de 1 800 combattants corses au service de Gênes, chiffre considérable compte-tenu des effectifs limités de cette armée. Formé en 1765, le Reggimento Còrso est une unité militaire dont les missions évoluent progressivement vers celles de l’actuelle gendarmerie française. Les Corses qui le composent participent ainsi activement à la répression du banditisme sur le territoire ligure mais ne seront jamais employés dans leur île natale. Le régiment est dissous le 22 juillet 1797 et ses officiers comme la troupe sont répartis dans diverses unités jusqu’en 1814.

Cette œuvre renvoie à la forte tradition migratoire militaire des Corses en Italie qui est un des traits marquants de la société insulaire durant toute la période moderne. Elle illustre également le phénomène d’insertion limitée des élites corses dans les structures de l’Etat ligure, en l’occurrence l’armée. Elle remet ainsi en question l’image d’une opposition systématique et générale des Corses à la Repubblica, vision découlant des textes justificateurs des révolutions de Corse du 18e siècle.

Sylvain GREGORI

Cliché J.-A. Bertozzi/Musée de Bastia