Expositions permanentes
Le musée de Bastia est consacré à l’histoire de la ville à travers ses liens avec le reste de la Corse et dans son environnement méditerranéen. Regroupant plus de 300 œuvres et objets, la présentation permanente se développe sur 19 salles privilégiant une approche pluridisciplinaire (histoire, anthropologie, sociologie, histoire de l’art etc…). Quatre grandes thématiques structurent ce parcours.
Naissance et croissance d'une ville corse
A l’aube des années 1380, la république de Gênes décide l’édification d’une bastille (en italien Bastia) sur un promontoire rocheux littoral situé sur le territoire de Cardo. Les statuts particuliers accordés à cette nouvelle ville en 1484, vont lui permettre de se développer en attirant population locale et étrangère.
Cette petite enceinte militaire va progressivement devenir une vraie ville, protégée par des fortifications au 16e siècle : la citadelle est née. Résidence du gouverneur génois, elle s’impose rapidement comme la capitale de ce qui va devenir en 1637 le royaume de Corse (Regno di Corsica).
Un intérêt particulier est accordé aux deux quartiers qui constituent les noyaux du centre historique de la ville : Terra Nova (la Citadelle) et Terra Vechja (le Vieux-port). Car Bastia demeure avant tout une ville fortifiée et un port.
Tournée vers la Toscane voisine, elle demeure, par ses origines ligures, une cité fortement marquée par son insertion dans l’aire italienne. L’architecture et le mode de vie des élites à la période moderne témoignent de cette identité marquée qui fait de Bastia, la plus italienne des villes corses.
Une capitale et un centre de pouvoir
Bastia de jouer un rôle déterminant dans l’histoire de la Corse. Capitale insulaire, elle cumule les fonctions politiques et religieuses. Ses élites mêlant Corses et Ligures rayonnent rapidement sur toute l’île et même au-delà.
Le 18e siècle est une période troublée pour la Corse confrontée à la « guerre de 40 ans » (1729-1769). Durant ce conflit opposant une grande partie de l’île à la république de Gênes, Bastia demeure une enclave ligure au sein d’une Corse en révolte puis indépendante. Elle conserve une partie de ses prérogatives de capitale sous l’éphémère royaume anglo-corse (1794-1796), avant de les perdre définitivement avec le retour de la souveraineté française. Après cette instabilité politique, le Premier Empire va en effet marquer le début d’une affirmation du processus de francisation que connaît l’île et dont témoigne le parcours des élites bastiaises.
Dès sa création à la fin du 14e siècle, Bastia est avant tout une cité marchande et un port qui ne cesse de prendre de l’importance à partir du 17e siècle. Détentrice de capitaux importants, la bourgeoisie locale domine les activités financières, commerciales et industrielles insulaires. Au 19e siècle, les capitaines d’industrie bastiais participent à l’émergence de la révolution industrielle de type méditerranée que la Corse connaît alors. La ville s’affirme comme le centre névralgique de l’économie insulaire.
foyer culturel
Capitale génoise puis centre économique de la Corse, Bastia est le principal foyer culturel insulaire. Au cours des siècles, les commandes publiques et privées (peinture, orfèvrerie, statuaire etc…) permettent l’émergence d’un art sacré insulaire initiant ainsi pour Bastia une tradition de centre baroque depuis lequel, les goûts et les modèles marqués par l’influence ligure, se diffusent sur tout le territoire insulaire.
Ce foisonnement artistique va connaître un tournant au 19e siècle grâce à la conjonction de plusieurs facteurs : création de la première bibliothèque publique de Corse, existence d’un théâtre à l’italienne, création de l’unique Société des sciences insulaire, etc… Mais le fait le plus singulier est sans conteste le legs Sisco.
Originaire de Bastia, Giuseppe Sisco premier chirurgien du pape Pie VII lègue à sa mort en 1831 tout son patrimoine à la Ville. Elle est chargée de distribuer des bourses permettant à de jeunes bastiais d’étudier le droit, la médecine ou les beaux-arts en Italie. Mais en 1876 l’Etat français ne reconnaît plus la validité des diplômes de droit et de médecine délivrés par les universités transalpines. Seuls les étudiants en beaux-arts seront donc bénéficiaires du legs. Jusqu’aux années 1930, celui-ci permettra de former une cinquantaine de peintres, architectes et sculpteurs qui participent à l’émergence d’une école corse dans ces différents domaines artistiques.
Enfin, Bastia apparaît au 19e siècle comme le centre intellectuel et littéraire de l’île, sous la houlette de l’écrivain corse de langue italienne Salvatore Viale (1787-1861), celui où se jouent les grandes batailles culturelles et où se côtoient les principaux artistes corses et étrangers de la période.
la collection de peintures du cardinal fesch
Comme de nombreuses communes de Corse, Bastia a bénéficié de la donation Survilliers, plus connue sous l’appellation de « legs Fesch ». Oncle de Napoléon, le Cardinal Fesch avait décidé de léguer une partie de sa collection à la ville d’Ajaccio. Joseph Bonaparte, Comte de Survilliers, neveu et légataire universel du Cardinal décide d’élargir ce don à d’autres villes de l’île. Ainsi en 1844, il donne 100 œuvres à Bastia, essentiellement de la peinture italienne du 16e au 18e siècle. Dans l’attente de la création d’un Musée, ces œuvres furent installées dans différents édifices publics telles les églises ou le collège où elles servirent de support aux cours de dessin. Depuis 2018, une trentaine de ces tableaux est présentée dans deux salles du parcours permanent.
collection carlini
Le parcours permanent du musée s’achève sur une collection privée offerte au musée en 1973. Constitué par l’ancien maire de Marseille Michel Carlini, cet ensemble se compose d’une centaine d’œuvres relatives à l’Ancien Régime finissant, la période révolutionnaire et l’épopée napoléonienne. Il s’agit pour l’essentiel, de petits objets rares et précieux : petites boîtes, miniatures et accessoires de mode. On y recense également des estampes et autres souvenirs historiques : lettre de Napoléon, aigle provenant de Fontainebleau, etc…
Cette collection offre une vision très précise de la postérité iconographique de Napoléon et du raffinement des arts décoratifs sous le Premier Empire. Elle illustre comment la figure de Bonaparte puis celle de l’Empereur participait dans l’imaginaire de ce collectionneur à affirmer son identité insulaire.